Soutien à la recherche et concours Lauréates Prix étudiants RRSPQ 2019-2020 Meilleure thèse / Students awards winners for best Ph.D. thesis

 

Félicititations à Jessica Spagnolo et Jacqueline Wassef!

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Meilleures thèses de doctorat (Ph.D)

Jessica Spagnolo: Global mental health: Building the capacity for the integration of mental health in primary care in Tunisia 

Doctorat obtenu à l'Université de Montréal - Directeurs: François Champagne (UdeM) et Nicole Leduc (UdeM)

Résumé

Contexte : Dans les pays à faible et moyen revenu, s’attaquer au fardeau causé par les troubles mentaux, les troubles liés à la consommation de drogues et alcool, et l’automutilation/suicide est rendu plus difficile par le nombre limité ou la répartition inégale de professionnels formés en santé mentale. L’intégration de la santé mentale dans les soins de santé primaires par l’offre d’une formation en santé mentale pour les non-spécialistes, tels les médecins généralistes (MG), est une des solutions mises de l’avant un peu partout dans le monde pour faire face à ce problème. Afin de faciliter cette intégration, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a développé le Programme d’action : Combler les lacunes en santé mentale (mhGAP), et un guide d’intervention (IG) qui regroupent des interventions basées sur des données probantes visant les problèmes de santé mentale que l’OMS considère comme prioritaires. Cette thèse présente la mise en œuvre et l’évaluation d’une formation basée sur le programme mhGAP, offerte à des MG travaillant dans la région du Grand Tunis, en Tunisie, un pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieur situé en Afrique du Nord. Méthodes : L'évaluation du programme de formation a été faite en employant des méthodes mixtes. Premièrement, l’évaluation de l’efficacité de la formation a été réalisée à l’aide d’un essai randomisé contrôlé. Nous avons évalué l'impact de la formation sur les connaissances et les attitudes envers la santé mentale, le sentiment d'auto-efficacité pour la détection, le traitement et la gestion des troubles de santé mentale et les pratiques cliniques en santé mentale rapportées par les MG à court terme (six semaines après la formation) et à long terme (18 mois après la formation). Deuxièmement, une étude de cas a été utilisée pour explorer comment les facteurs contextuels ont contribué à influencer les résultats obtenus. Résultats : La formation a eu un impact significatif à court terme sur les connaissances, les attitudes, et l’auto-efficacité, mais pas sur les pratiques cliniques en santé mentale rapportées. Ces changements ont été maintenus à 18 mois post-formation. De plus, les MG ont rapporté, à 18 mois, avoir réduit le nombre de références en services spécialisés comparativement à celles faites avant la formation. Toutefois, les MG ont identifié plus d’obstacles que d’éléments facilitateurs en décrivant les facteurs contextuels ayant influencé les résultats de la formation. Les méthodes qualitatives ont alors permis d’identifier des pistes de solutions que les décideurs pourraient employer pour encourager davantage la participation des MG en santé mentale. Conclusion : L’utilisation de méthodes mixtes pour évaluer le programme de formation mhGAP dans la région du Grand Tunis, en Tunisie, a permis d’en arriver à une compréhension fine des enjeux liés à son implantation et de ses effets. Les résultats de cette thèse peuvent aussi s’avérer utiles dans d’autres contextes similaires où l’on vise à mieux cibler les symptômes de santé mentale non-traités en renforçant les capacités de prise en charge au niveau des soins primaires.

Abstract

Background: In low- and middle-income countries (LMICs), addressing the burden caused by mental health conditions, substance use disorders, and self-harm/suicide may be challenged by the limited number and/or unequal distribution of mental health personnel. Integrating mental health into primary care settings through the training of non-specialists such as primary care physicians (PCPs) is an internationally acclaimed solution to address such challenges. To facilitate this integration, the World Health Organization (WHO) developed the Mental Health Gap Action Programme (mhGAP) Intervention Guide (IG), regrouping evidence-based interventions for what the WHO considers priority mental health conditions. This dissertation presents the implementation and evaluation of an mhGAP-based training offered to PCPs working in the Greater Tunis area of Tunisia, a lower middle-income country located in North Africa. Methods: Evaluation of the training program employed a mixed-methods approach. First, evaluation for effectiveness was conducted using a randomized controlled trial (RCT). We assessed the short-term (six weeks post-training) and long-term (18 months post-training) impact of the training on PCPs’ mental health knowledge, attitudes, self-efficacy, and self-reported practice. Second, a case study design was used to explore how contextual factors interacted with the implemented training program to influence its expected outcomes. Results: The training had a statistically significant short-term impact on mental health knowledge, attitudes, and self-efficacy, but not on self-reported practice. When comparing pre-training results and results 18 months after training, these changes were maintained. In addition, PCPs reported a decrease in referrals to specialized services 18 months after training in comparison to pre-training. However, PCPs identified more barriers than facilitators when describing contextual factors influencing the training program’s outcomes. Hence, qualitative methods helped identify practical challenges that decision-makers could address to further promote PCPs’ involvement in mental health care in primary care settings and thus impact the health of people with mental health problems. Conclusion: A mixed-methods approach helped create a comprehensive understanding of the implementation and evaluation of the mhGAP-based training in the Greater Tunis area of Tunisia. Findings may also be useful in other settings with similar profiles that aim to target untreated mental health symptoms by building individual and system-level capacity.

 

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Jacqueline Wassef: Obesity prevention policies: the art and science of ending an epidemic

Doctorat obtenu à l'Université de Montréal - Directeurs: François Champagne (UdeM) et Lambert Farand (UdeM)

Résumé

La recherche sur le processus politique en relation avec la prévention de l'obésité s’appuie rarement sur des fondements théoriques. La plupart des études présentées dans la littérature ne parviennent pas à expliquer les décisions politiques. Les réponses aux questions sur le comment et le pourquoi de l'élaboration des politiques demeurent méconnues. En raison de l'attention politique accrue au phénomène de la « globésité », de nombreux gouvernements ont tenté d'intervenir pour arrêter ou inverser le cours de l'épidémie de l’obésité. Un écart est évident entre les recommandations et le contexte politique qui prévaut en raison de la « cacophonie politique » qui caractérise celle de l'obésité. Nous avons mené une étude de cas pour expliquer l’élaboration et l'adoption du plan d'action gouvernemental (PAG) sur la prévention des problèmes reliés au poids et la promotion de saines habitudes de vie, adopté en 2006 sur une durée de six ans au Québec, Canada. Nous avons élaboré un cadre conceptuel innovant combinant le cadre des coalitions plaidantes avec un modèle d'analyse politique basé sur la théorie de l'acteur stratégique. Nous avons mené des entrevues semi-dirigées et ouvertes avec des informateurs clés de divers ministères et institutions gouvernementales et non gouvernementales impliqués dans le plaidoyer et l’élaboration du PAG. Les documents relatifs à la politique ont complété nos sources de données. Nos résultats ont montré que l'adoption de la politique était le résultat de facteurs politiques et contextuels interdépendants et d'événements majeurs, associés à des politiques et stratégies axées sur les objectifs qui ont contribué à un accord négocié entre les coalitions. L'ensemble du processus a été influencé par l'utilisation systématique des connaissances par les coalitions et l'apprentissage au sein de forums délibératifs démocratiques qui a contribué à surmonter la « cacophonie politique ». Le plaidoyer d’un groupe de réflexion a fait avancer le processus en modifiant le discours dominant sur la politique et en sensibilisant les parties prenantes. Les théories du processus politique sont des outils puissants pour étudier la complexité de la prise de décision, expliquer le changement de politique ainsi que l'inaction face aux problèmes complexes. Il est nécessaire de mieux outiller les acteurs des politiques de santé publique pour qu'ils comprennent mieux le processus d'élaboration des politiques. Cette étude de cas informera les décideurs, les bureaucrates, les professionnels de la santé publique et autres professionnels intéressés à faire progresser les politiques de prévention de l'obésité. Les recherches futures devraient viser à promouvoir une analyse prospective de l'élaboration des politiques pour mieux en influencer le plaidoyer et, ainsi, faire progresser le processus politique. La comparaison de politiques similaires entre les provinces et de politiques différentes, mais interdépendantes au sein d'une même province est une autre avenue prometteuse pour la future recherche sur les processus politiques.

Abstract

Theory grounded research on the policy process related to obesity prevention is limited. Most of the existing research fails to explain policy decisions. The how and why of policy making remain unanswered. Owing to the increased political attention to “globesity”, many governments have attempted to intervene to halt or reverse the obesity epidemic. There is a gap between policy recommendations and the prevailing policy environment owing to the “policy cacophony” that characterises obesity policy. We used a case study research design to explain the development and the adoption of a six-year Governmental Action Plan (GAP) on the prevention of weight-related problems and the promotion of healthy lifestyles in Quebec, Canada. We developed an innovative conceptual framework combining the Advocacy Coalition Framework with a political analysis model based on the theory of the strategic actor. We conducted semi-structured open-ended interviews with key informants from various governmental and non-governmental departments and institutions involved in GAP advocacy and development. Policy related documents completed our data sources. Our findings showed that policy adoption was the result of interrelated political and contextual factors and focusing events, intertwined with policy and goal-oriented strategies that contributed to a negotiated agreement between advocacy coalitions. The whole process was influenced by systematic knowledge utilization by coalitions and learning within democratic deliberative forums that helped overcome “policy cacophony”. The advocacy of a think tank advanced the process through changing the dominant policy narrative and altering policy stakeholders’ awareness. Policy process theories are powerful tools to study the complexity of decision-making, explain policy change as well as inaction on complex policy issues. There is a need to better equip public health policy stakeholders with an improved understanding of the policy making process. This case study will inform policy makers, bureaucrats, public health professionals and other professionals interested in advancing obesity prevention policies. Future research should aim to promote prospective analysis of policy making to further inform policy advocacy and advance the policy process. Comparing similar policies across jurisdictions, and different yet interrelated policies within the same jurisdiction is another avenue for future policy process research.

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